Direction plein sud pour retrouver les APAAE sur un aérodrome de la vallée du Lot.

Si vous êtes aficionado des meetings aériens, si vous fréquentez les grandes plages françaises aux beaux jours, si vous étiez matinal et Parisien le 14 juillet 2022, vous les avez sans doute déjà vus à l’œuvre. Les APAAE sont -comme leur nom l’indique- Ambassadeurs de l’armée de l’Air et de l’Espace au même titre que la Patrouille de France, l’Equipe de voltige ou encore la Musique de l’Air. Leur rôle est donc de faire rayonner l’AAE et de la représenter au contact du grand public. Ils œuvrent à la consolidation du fameux lien armées-nation. 

 

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Comment cela se traduit concrètement ?

Parés de leurs plus belles voiles tricolores et de leurs combinaisons de saut à l’effigie de notre armée préférée, ils s’élancent dans les airs pour former ensemble des figures plus techniques les unes que les autres, parfois agrémentées de drapeaux géants et de fumigènes. C’est ce que l’on appelle le voile contact. Une spécialité qui leur est propre au sein de la communauté des parachutistes militaires.

Hormis deux réservistes, les APAAE sont tous des militaires d’active de spécialités variées et affectés à temps plein dans des unités diverses partout sur le territoire :  EP (Escadron de protection) de Mont de Marsan, EP de Villacoublay, CASV (Centre air de saut en vol) d’Orléans, CFSS (Centre de formation à la survie et au sauvetage) de Cazaux, etc… 

 

Mais alors, pourquoi organiser des entrainements sur un aérodrome civil quand l’équipe est sous la direction du CASV, maison mère des parachutistes de l’AAE, stationnée sur la BA123 d’Orléans-Bricy ?

« Ici on externalise la formation. Un aérodrome civil nous permet plus de souplesse, notamment sur la disponibilité des avions et des zones de vol. Ce que les bases aériennes ne permettent pas », répond le capitaine Frédéric. Et quelle cadence ! Les ambassadeurs se retrouvent à 7h45 pour le briefing du matin, montent dans le rutilant Pilatus rouge flamboyant de l’aérodrome, sautent une fois arrivés à une altitude de 2 500 mètres, effectuent leurs figures emblématiques telles que le stack, le kite, le wedge ou le saphir, atterrissent, replient consciencieusement leurs voiles, et repartent pour un tour, puis un autre, puis un autre… Le tout saupoudré des débriefings et de conseils de leurs deux réservistes, le capitaine Frédéric et le major Philippe. 

 

Le rôle de ces deux réservistes ?

 « Nous préparons les ambassadeurs et nous les entrainons pour les démonstrations. »

Cependant, leur champ d’action ne se limite pas à cela. Ils prennent part à la sélection des nouveaux membres de l’équipe, les forment, les conseillent, sont les garants de la sécurité des équipiers et du public, et sont conseillers techniques pour le choix des démonstrations.

« Lors de la sélection des nouveaux membres, nous donnons notre avis sur le niveau technique, puis c’est le commandant du CASV qui prend la décision finale », précise le major.

Leur travail va plus loin. Ils ont régulièrement l’occasion de faire des sauts avec leurs collègues, une occasion concrète de les aider à affiner leurs gestes qui se doivent d’être particulièrement précis pour la réussite des démonstrations. Ils prennent part aux formations sur les gros meetings auxquels les Ambassadeurs participent. Ils sont aussi présents sur les stands pendant les meetings.

 

Qui sont-ils ?

Le major Philippe est un ancien militaire d’active de formation fusilier commando. Dans le civil il est moniteur de voile contact au sein de la Fédération française de parachutisme. Il a rejoint la réserve en 2005, au détachement CFA de Salon de Provence (cf article **lien**) pour former les élèves de l’Ecole de l’air et de l’espace au parachutisme. Il accompagne les APAAE en parallèle de cette mission depuis 2017.

« Je suis passionné par la formation. Transmettre ma passion aux autres je l’ai fait pendant toute ma carrière. Tout ce qu’on m’a appris m’a tellement apporté que j’ai voulu le transmettre aux Ambassadeurs » explique le major Philippe. Le capitaine Frédéric le rejoint : « Oui moi aussi, j’ai trouvé que l’Armée de l’air m’avait très bien formé donc c’était logique d’y revenir avec ce que j’ai appris dans le civil et de le mettre à profit ».

Le capitaine Frédéric était pilote sur Mirage 2000D et sportif de haut niveau de la Défense en parachutisme. Il a aussi fait partie de l’équipe de France civile de voile contact et obtenu avec ses coéquipiers le titre de champion du monde en 2012. Il est devenu réserviste en 2016 : « Ma femme est médecin militaire. Un mari pilote, une femme médecin militaire, c’était compliqué, donc j’ai quitté l’armée et fait de la réserve ponctuellement ». Sur son précédent poste réserve, il était conseiller chuteur opérationnel. Il a rejoint les Ambassadeurs en 2021.

  

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En cumulé, les équipiers ont à ce jour effectué 26 390 sauts, et leurs quatre coaches 22 000. Pour vous on ne sait pas, mais nous, nous en sommes loin… Très loin !

Plus de 48 000 sauts et toujours ces entrainements cadencés et cette rigueur inébranlable : « On a une phase loin d’être anodine lors de laquelle on s’accroche les uns aux autres. Donc lorsque l’on donne sa voile à l’autre c’est de la confiance. La confiance est indispensable ». Et on l’imagine fort bien en les voyant évoluer (enfin… chuter !) à 2 000 mètres dans les airs. Pas évident de travailler au centimètre près lorsque l’on vit loin les uns des autres. Ainsi, il est nécessaire pour eux de se retrouver en marge des meetings et autres manifestations dans une ambiance studieuse mais conviviale pour bien prendre leurs marques ensemble et s’entrainer. « Forcément géographiquement ça complique, et puis toutes nos unités ont des contraintes opérationnelles fortes, donc rassembler tout le monde n’est pas simple. Mais c’est aussi ce qui donne de la force à l’équipe : on a tout le panel des métiers de l’AAE. Mécanicien, logisticien aéronautique, pilote, pompier, commando, informaticien, spécialiste infrastructure, armurier, des actives, des réservistes… Ça nous apporte une vraie richesse, chaque spécialité nous apporte quelque chose » explique le capitaine. Le major renchérit : « Et lorsque l’on est au contact du public sur les meetings, avec cette diversité on peut bien renseigner les gens ».