Les citoyens concourent à la défense de la Nation. Ce devoir peut s'exercer par une participation à des activités militaires dans la réserve. Dernière étape d’un parcours continu qui débute avec l'enseignement de défense et se poursuit avec la participation au recensement et à la journée défense citoyenneté (JDC), la réserve militaire permet à tout Français, dès l'âge de 17 ans, d'exercer son droit à contribuer à la défense de la Nation. Elle a pour objet de renforcer les capacités des forces armées dont elle est une des composantes à part entière, d'entretenir l'esprit de défense et de contribuer au maintien du lien entre les forces armées et la société civile. 

D'une réserve de masse à une réserve d'emploi structurée

De la troisième république (1871) jusqu'à la suspension de la conscription par la loi de 1997, la réserve a fonctionné selon les principes d'une réserve de masse constituée des anciens appelés du contingent. Elle représentait des effectifs considérables (environ 3 millions de réservistes en 1993) et contribuait fortement à la défense du pays. 600 000 réservistes ont répondu à l'appel le jour de la mobilisation générale pour la première guerre mondiale. 10 000 officiers de réserve ont été faits prisonniers pendant les mois de mai et juin 1940. La réserve militaire était intimement liée à toute la population française qui lui vouait une estime méritée. 

L’évolution du contexte stratégique et, par voie de conséquence, des missions confiées aux forces armées, ont entraîné une refonte de notre appareil de défense caractérisée par la réduction du format des armées, la professionnalisation des forces et la suspension du service national obligatoire en 1997. En 1999, le concept de réserve mobilisable en temps de guerre a été remplacé par un concept de réserve d’emploi structurée selon les besoins de la défense et de la sécurité. La rénovation de la réserve militaire est concrétisée par la loi du 22 octobre 1999 et la loi du 18 avril 2006, intégrées dans le Code de la Défense. Elle est constituée d'une réserve opérationnelle, comprenant les volontaires qui ont souscrit un engagement à servir dans la réserve opérationnelle (réserve opérationnelle de premier niveau) et les anciens militaires soumis à une obligation de disponibilité durant les cinq années suivant leur départ de l'Institution (réserve opérationnelle de deuxième niveau), ainsi que d'une réserve citoyenne comprenant des volontaires agréés. D'obligation légale, le service dans la réserve devient un volontariat de service. L'objectif est de bénéficier d'une réserve opérationnelle en mesure de fournir aux forces d'active les renforts nécessaires pour accroître leur capacité dans les différentes fonctions et remplir des missions sur le territoire national en substitution du personnel d'active, fortement sollicité sur les théâtres d'opérations extérieurs. En 2008, la réserve opérationnelle de premier niveau est constituée de 60 000 volontaires ayant souscrit un engagement à servir dans la réserve.

La réserve militaire, une nécessité pour la défense et la sécurité de demain

Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 donne une nouvelle impulsion à la réserve militaire, souhaitée moins nombreuse, mieux formée et plus intégrée dans le dispositif militaire. Elle est un atout dans la sécurité demain. Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013 confirme et renforce les ambitions pour la réserve. La réserve opérationnelle est un renfort indispensable aux forces armées pour qu'elles remplissent l'ensemble de leurs missions, notamment sur le territoire national ou en cas de crise. Elle constitue une partie intégrante du nouveau modèle d'armée. Les missions confiées à la réserve sur le territoire national doivent continuer à être développées. Il devient important de concilier les deux piliers que sont le renfort opérationnel (la réserve opérationnelle) et le lien entre les forces armées et la société civile (la réserve citoyenne, dont l’appellation a été modifiée en 2016 afin d’éviter toute confusion avec la réserve citoyenne de l’éducation nationale. On parle aujourd’hui de la réserve citoyenne de défense et de sécurité).

En dépit des objectifs revendiqués par les différentes lois de programmation militaire, le nombre de réservistes opérationnels ne cesse de fléchir entre 2008 et 2014, principalement en raison de contraintes budgétaires. En 2014, la réserve opérationnelle de premier niveau représente près de 55 000 réservistes (28 00 réservistes au sein du ministère de la défense et 27 000 réservistes au sein de la gendarmerie nationale) qui effectuent en moyenne 20 jours d'activité par an au profit des forces armées.

Une nouvelle réserve pour de nouvelles menaces

La situation sécuritaire depuis janvier 2015, imposant le renforcement dans la durée des missions de protection par les armées dans le cadre de l’opération Sentinelle et du plan Vigipirate, a mis en évidence le besoin d’accroître la contribution de la réserve militaire à l’accomplissement de ces missions qui engagent les forces dans des volumes inédits. La réserve militaire, partie intégrante des forces armées, a pleinement un rôle à jouer en venant renforcer les forces d’active dans cette nouvelle mission si importante pour la sécurité de nos concitoyens.  Conforter et dynamiser le rôle de la réserve opérationnelle devient une impérieuse nécessité. Monsieur Jean-Yves Le Drian alors ministre de la Défense décide de rénover la politique de la réserve militaire. Un ambitieux projet de réforme est inscrit dans la loi de programmation militaire 2014-2019 actualisée, fondé sur un accroissement des jours d'activités (25 à 30 jours d'activité par an), une augmentation du nombre de réservistes (de 28 000 à 40 000 réservistes) et une hausse des budgets associés. D'ici 2018, à partir d'un vivier de 40 000 réservistes, les armées devront être en mesure d'engager chaque jour sur le territoire national, 1 000 d'entre eux dont 800 de l'armée de terre, dans le cadre de leurs missions de protection. La gendarmerie nationale, également fortement sollicitée, a pour objectif d'augmenter les effectifs de sa réserve opérationnelle de 27 000 à 40 000.

Les attentats du 13 novembre 2015 ont rendu ce projet encore plus urgent et indispensable, ce qu'a souligné le chef de l'Etat dans son discours devant le congrès réuni le 16 novembre 2015.

« Je souhaite également que l’on tire mieux parti des possibilités des réserves de la défense, encore insuffisamment exploitées dans notre pays alors que nous avons justement ce gisement. Les réservistes sont un élément fort du lien entre l’armée et la Nation. Ils constituent les éléments qui peuvent, demain, former une garde nationale encadrée et disponible. »

La réserve militaire, une composante de la garde nationale 

Le 22 juillet 2016, suite à l’attentat à Nice, le président de la République renouvelle son appel, en particulier à destination des jeunes qui voudraient s’engager dans les réserves opérationnelles afin de pouvoir constituer une véritable garde nationale. Le 28 juillet, à la suite de la présentation à l’Elysée des rapports parlementaires des sénateurs Gisèle Jourda et Jean-Marie Bockel et des députés Marianne Dubois et Joaquim Pueyo, relatifs aux travaux portant sur la garde nationale et sur les dispositifs citoyens du ministère de la Défense aujourd’hui ministère des Armées, la création de la garde nationale est décidée par le chef de l’Etat.

Le 13 octobre 2016, la garde nationale est officiellement créée par le décret n°2016-1364. Le président de la République a fait le choix d’un modèle ambitieux et pragmatique, adossé à une base existante : les réserves opérationnelles de premier niveau des armées, de la gendarmerie et la réserve civile de la police nationale. La garde nationale répond à plusieurs objectifs : accroître la participation des réserves au renforcement de la sécurité des Français, apporter une réponse concrète au désir d’engagement de la jeunesse et favoriser l’union nationale et l’esprit de résilience face aux menaces actuelles.