Du 5 au 12 aout à Breda aux Pays-Bas s’est tenu l’IJOLD (International Junior Officer Leadership Development), une session de formation commandement pour officiers subalternes de réserve des Armées de l’air des pays otaniens membres de l’IARS (International air reserve symposium).

Capture décran 156 min

Des réservistes des Armées de l’air de huit pays se sont réunis pour développer leurs compétences de commandement et pour se familiariser avec l’environnement interallié dans lequel ils peuvent être amenés à évoluer, tout comme leurs camarades d’active. Triés sur le volet, ils sont venus de France, d’Allemagne, du Royaume Uni, des Pays-Bas, du Danemark, de Norvège, du Canada et des Etats-Unis.

Les participants ont particulièrement apprécié la confrontation à des cultures et des modes de raisonnement différents. « Echanger avec des officiers de nations alliées, découvrir comment ils mènent leurs opérations, leur vision du commandement, c’est très enrichissant. » affirme le capitaine de réserve de l’US Air Force Erik.

Capture décran 157 minEn effet, les stagiaires ont pu mesurer leurs points de vues, leurs expériences, leurs acquis et réflexes culturels lors d’un escape game haletant qui vous embarque en pleine guerre froide, d’études de cas dans un établissement d’études géopolitiques à La Haye, et de plusieurs ateliers abordant des problématiques telles que savoir quand diriger et quand suivre, donner les bonnes consignes et les bons retours, faire face au management toxique ou encore à la résistance au changement.

Au-delà des échanges interculturels sur le leadership, l’IJOLD 2023 était un stage ponctué de nombreuses interventions de militaires hollandais de haut vol tels que « Dodo », une pilote d’hélicoptère ayant survécu au crash de son appareil en Afghanistan, des généraux ayant évolué au sein de l’OTAN et de l’ONU tel que les Commodores Foppen et Siemensma, ou encore l’aide de camp du roi. Tous ont partagé leur expérience inspirante et distillé des conseils précieux à la soixantaine de participants, leurs facilitateurs et l’équipe d’encadrement dans une atmosphère propice à l’échange informel, comme il en est coutume aux Pays-Bas.

« L’objectif était de fournir les bons outils, les bonnes clefs pour que chacun des réservistes puisse repartir chez lui fort de cela et soit en capacité de continuer à s’améliorer comme meneur grâce à ce socle de connaissances. Et nous savons que si nous nous recroisons à l’avenir dans un contexte international, nous saurons tous accorder nos violons », explique le lieutenant-colonel de réserve Giel, organisateur de l’IJOLD 2023.

Cette semaine hollandaise a aussi été l’occasion de visiter plusieurs institutions, musées et villes et de partir à la découverte de l’histoire des Pays-Bas.

Le major général Adang, commandant adjoint de l’Armée de l’air royale des Pays-Bas a conclu la semaine en affichant clairement les ambitions de cette formation d’exception pour les réservistes : « Notre équipe a mis au point un programme inspirant qui vous a fourni des outils et des éclairages qui vous serviront tout au long de votre carrière ».

ijold 4L’impression laissée au lieutenant de réserve Emma, l’un des deux réservistes français envoyés sur place, semble aller dans ce sens : « Ce que j’ai trouvé le plus passionnant, ça a été l’une des études de cas. Un cas de conscience pourrait-on dire. Avec notre groupe nous devions définir une stratégie face à une situation extrêmement délicate. Ce jour-là, il s’agissait du conflit entre serbes et bosniaques, une guerre qui nous parle à tous, militaires européens, car la plupart de nos chefs ont fait leurs armes en tant que jeunes lieutenants sur ce théâtre.

Extrait d’un film pour capturer un aperçu général de la situation, cartes à différentes échelles, contexte géopolitique et militaire, liste des ressources (eau, vivres, armes, munitions, véhicules, moyens de communications, pas de soutien extérieur…), moyens des ennemis en véhicules et en troupes … Ces éléments en main, il nous était demandé de nous mettre dans la peau des casques bleus hollandais, sur un site isolé et assiégé, confrontés à un dilemme militaire et moral. Il fallait faire un choix difficile qui mettait en péril la vie de 20 000 civils. Nous avons eu plusieurs heures pour étudier la situation et préparer notre solution, puis chacun des 8 groupes a présenté sa stratégie aux autres, mais surtout au général Matthijseen (Commandeur de la mission ONU Minusma : 14 000 militaires de 60 pays). Et c’est là que l’équipe d’organisation de l’IJOLD 2023 a fait fort ! Ce général de l’Armée de terre hollandaise n’était autre que le jeune capitaine qui, dans la réalité, il y a de ça presque 30 ans, a dû prendre cette décision. Mais ça nous ne l’avons su qu’au moment des présentations. Leçon magistrale. »

A l’heure où le chef d’état-major, le général Thierry Burkhard, enjoint tous les militaires français à « être des amplificateurs lorsque [vous planifiez ou participez] à des exercices bilatéraux dans le cadre de l’OTAN, de l’Union Européenne ou d’autres types de coalitions », la réserve répond présent.

Crédit texte : LTT (R) Emma.

Crédits photo : Marleen Groendendijk / Ilya de Milde