Organisé par le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), VOLFA est un exercice interalliés et interarmées de trois semaines mettant en œuvre une cinquantaine d’aéronefs. Ce rendez-vous annuel d’ampleur met l’accent sur toutes les dimensions du combat aérien et est une étape clé de l’entraînement des forces conventionnelles. 

Haute intensité, puissance aérienne, agilité et réactivité ont rythmé cette activité de préparation opérationnelle impliquant environ mille participants provenant d’unités embarquées sur différents types d’aéronefs (chasse, transport, hélicoptères), de techniciens, de commandos, d’opérateurs de défense sol-air et aussi en conduite de Centre de Détection et de Contrôle (CDC) depuis lesquels les missions aériennes seront orchestrées.

 

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Au Centre de Détection et de Contrôle 04.930 Garonne, implanté sur la base aérienne 118 Colonel Rozanoff à Mont de Marsan, les contrôleurs s’affairent. La documentation est « releasée » depuis quelques jours et chacun doit s’enquérir des espaces aériens dédiés à l’exercice et qui seront activables au gré des missions et en coordination étroite avec l’aviation civile. Des documents plus spécifiques traitent des instructions du commandement de l’exercice et des procédures diverses liées aux télécommunications, nerf de la guerre d’une opération aérienne conjointe. En tout, ce sont plus de cent cinquante pages à assimiler dans un temps restreint et en langue anglaise, trois semaines d’exercice rythmées par les missions aériennes et leur Time Line imposée :

Task release :    DAY-1 // 07h00Z

PMiss* :            DAY-1 // 07h30Z escadron 2/30

Mass brief **:     DAY -1 // 14h30Z escadron 3/30

Mission :           DAY // 08h00Z – 10h00Z

Mass debrief :   12h30Z escadron 2/30

 

A cette occasion, le renfort de trois réservistes n’est pas de trop pour prêter main forte aux équipes de contrôleurs des opérations aériennes, aussi appelés GCI (Ground Controler Intercept). Tous trois majors, issus des forces, leur expérience respective des opérations aériennes et des exercices d’ampleur apporte une plus-value certaine pour la préparation du VOLFA 24 et sa gestion tactique en salle d’opération. D’autant plus que la transmission du savoir et la consolidation des méthodes de travail des plus jeunes est également l’un des objectifs de cet exercice de haute intensité. 

 

Major (R) Fabien.

Après quarante ans de carrière, dont trois mille heures de vol sur E-3F AWACS, le major de réserve Fabien est une référence dans le milieu confidentiel des GCI. Il a, grâce à son parcours, participé à de nombreux exercices et surtout de nombreuses missions de guerre. Il est néanmoins un « jeune » réserviste ayant rejoint les rangs des réserves Air depuis neuf mois seulement.

« Ma mission pour VOLFA est la juste continuité de mes fonctions précédentes ». En effet, le major est employé en tant que contrôleur tactique, mais aussi en tant que superviseur à un poste de direction. « C’est très gratifiant de pouvoir instruire les plus jeunes en formation et ainsi les aider à appréhender le déroulement d’une opération aérienne moderne ».

La difficulté, selon lui est de se sentir toujours « fit » en termes de connaissances et au niveau des automatismes indispensables à la tenue du poste. Cela demande une préparation mentale conséquente pour appréhender un tel exercice impliquant de nombreuses interactions, mais malgré tout « c’est comme le vélo, après une bonne journée dans l’ambiance, les réflexes reviennent. »

Son engagement dans la réserve, le Major Fabien le vit comme un prolongement de carrière, comme des moments intenses pour continuer à s’épanouir dans ce métier qui l’a passionné durant toute une vie.

Major (R) Pascal.

Le Major de réserve Pascal, dont la carrière a commencé il y a une quarantaine d’années également, précise qu’il est forcément un peu plus compliqué d’aborder ce type d’exercice en tant que réserviste, mais que les périodes de convocations réparties sur l’année permettent de garder un lien permanent avec le contrôle aérien tactique et de conserver ainsi les compétences requises. « Sur VOLFA nous sommes complétement intégrés dans la structure de l’exercice, nous retrouvons nos marques, et c’est toujours agréable de se retrouver dans une équipe que l’on connait, et côtoyer des équipages de navigants rencontrés durant la carrière. »

Il ajoute, sur le volet transmission du savoir, que « même si une cellule dédiée à l’instruction existe déjà, nous apportons une plu value avec notre expérience, notre manière de voir les choses, mais nous ne sommes plus là ni pour juger, ni pour évaluer des jeunes contrôleurs. Nous sommes là pour montrer et transmettre à la demande. »

Tout comme le Major Fabien, il s’accorde à dire que dans ce travail nul ne peut être un bon professionnel sans être passionné.

« C’est un métier où quarante ans après l’avoir commencé on continue à en apprendre tous les jours grâce aux échanges avec les pilotes, les autres contrôleurs, les lectures de nombreux documents à caractères aéronautiques qui évoluent régulièrement », conclue-t-il.

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Réserve et transmission en situation

Jour 5. Le major de réserve Fabien est aux côté d’un contrôleur en instruction afin de l’accompagner sur un volet exigeant de VOLFA 24 :

Après des décollages séquencés à la minute, les moteurs M88-2 des Rafale font trembler les fenêtres des bâtiments de la base aérienne 118. Ils vont rejoindre un tanker de type MRTT (multi role transport tanker), attendant sur zone ses receveurs. Quelques tonnes de carburant transférées en quelques minutes suffisent à donner à l’ensemble du package offensif l’endurance nécessaire à sa mission d’entrée sur un territoire « hostile ».

Les corridors créés pour l’exercice, permettent de relier 2 immenses zones de travail dans le ciel français. Un dispositif de seize chasseurs et un A400M pénètre l’espace aérien ennemi. Ce dernier, considéré comme un élément clé de la mission, est protégé par une patrouille de F-18 espagnols. L’A400M doit lui joindre un point spécifique en territoire ennemi pour y larguer des parachutistes des forces spéciales. Le reste des chasseurs a donc la mission de « nettoyer » l’espace de toute menace aérienne ou sol-air avant d’autoriser le « push » du transport sensible, bien plus lent que « les pointus ». 

Le contrôleur de ce package offensif doit diffuser en fréquence une « picture » représentant à chaque instant la position précise de la menace, tout en maintenant un haut niveau de sécurité aérienne pour les chasseurs entre eux, mais aussi pour chasseurs avec les avions civils qui passent à quelques kilomètres seulement des espaces fermés pour l’occasion, soit une distance de quelques secondes de vol. Pas de temps pour le hasard. Le major de réserve Fabien veille aux côtés de son poulain.

Outre le renfort apporté par les réservistes du Centre de Détection et de Contrôle 04.930 pour faire face à un tel événement, ces derniers ont à cœur de former une relève solide, ce qui est très gratifiant de leur point de vue. En effet, avoir sur sa fréquence de contrôle jusqu’à 30 appareils de combats qui exécutent une mission aérienne offensive au-delà des lignes ennemies, relève d’un savoir-faire qui n’est pas un sport de masse.

 

Ces trois réservistes répondront présent pour les dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA) prévus lors des jeux olympiques de Paris cet été.

 

 

Major (R) Michaël. 

* préparation de la mission

** briefing pour tous les participants

Rives du lac de Cazaux, un matin du mois de décembre.

Les cygnes et les canards glissent tranquillement sur les eaux brumeuses qui bordent l’héliport face à un totem et un toucan qui campent devant l’entrée du CFSS (le Centre de formation à la survie et au sauvetage, prononcez « CF2S »), un centre de formation des armées unique en France.

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Le rôle du CFSS ?

Dispenser des formations à la survie à tous les personnels navigants (PN) : les pilotes, les mécaniciens navigants, les personnels d’évacuation médicale, etc… Ils doivent apprendre à survivre en milieu hostile en attendant d’être évacués par des forces alliées en cas de crash. Les formations du CFSS suivent le processus OTAN, le cursus d’obtention des qualifications est un passage obligé.

Qu’y apprend-on ?

Tout d’abord les quatre règles essentielles à la survie : se protéger, se signaler, s’hydrater, se nourrir puis comment les mettre en œuvre lorsqu’on se retrouve en difficulté. Rien de mieux que la mise en application ! Les stagiaires se retrouvent rapidement sur le terrain pour restitution : communiquer à la radio, se cacher (de manière élaborée), s’extirper d’une carlingue immergée, d’un parachute, se construire un abri …

Apprendre à survivre c’est bien, apprendre à survivre sur tous les styles de terrains et sous tous les climats, c’est encore mieux ! Ainsi, le CFSS met ses stagiaires en immersions dans tous les milieux où les missions des armées françaises pourraient les mener : milieu terrestre, maritime, désertique, jungle équatoriale, sous climat tempéré ou temps froid et dans les conditions possibles de crash : temps de paix et temps de guerre, car forcément l’attente des secours ne se vivra pas de la même manière suivant le contexte.

Le CFSS dépend du Commandement des forces aériennes (CFA), le centre étant placé sous l’égide de la BFSA (Brigade des Forces Spéciales Air) et dénombre une quarantaine de membres, instructeurs pour la moitié. Beaucoup sont des commandos, passés par les plus prestigieuses unités de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), mais aussi de la Marine Nationale (2) et de l’armée de Terre (1), mais il y a aussi trois sauveteurs-plongeurs.

Les stages nécessitant beaucoup de matériel, l’équipe compte également sept mécaniciens qui ont pour mission d’entretenir les bateaux et les véhicules et de reconditionner le matériel des équipements et paquetages, et il y en a ! Beaucoup ! Temps froid, zone sèche, zone humide… Cordes, parachutes, bottes chaudes, gants, combinaisons, canots de sauvetage…

L’équipe peut en plus compter sur trois réservistes : un sauveteur-plongeur (pour en savoir plus sur son parcours, c’est par ici), un instructeur survie et un réserviste dévolu à l’entretien du balisage.

« Il n’y a pas une semaine sans stage dans notre planning. Sur chaque stage un officier est responsable de la conduite. Quand on en a un en Guyane et un autre ailleurs, on est contents d’avoir un réserviste pour assurer la mission. » explique le lieutenant-colonel Alain, commandant du CFSS. Les réservistes apportent aussi un soutien bienvenu dans les spécialités déficitaires telles que celle des sauveteurs-plongeurs.

« Les réservistes sont des gens de valeur, il ne faut pas s’en priver, déclare le lieutenant-colonel Alain. Chez nous ils assurent beaucoup de missions et comblent le manque. Ils ont une expertise opérationnelle très utile et son employables immédiatement, clef en main, c’est un gros avantage ».

Mais reprenons notre narration. Comme toujours, le programme est chargée au CFSS. En cette semaine de fin d’année, deux stages se déroulent en simultané. Et ça tombe plutôt bien ! Un groupe du CPA30 (commandos parachutistes de l’air) est venu passer sa qualification CSAR (combat search and rescue), et une dizaine de PN de l’armée de Terre et de la Marine sont venus pour leur stage survie en zone de guerre. Les stagiaires campent donc leurs rôles respectifs dans une situation parfaitement réaliste : les premiers viennent secourir les seconds.

Avant de démarrer l’exercice de restitution, chacun se prépare.

Dans un hangar reculé de la BA120, Les instructeurs écoutent attentivement le briefing mission préparé par la dizaine d’opérateurs du CPA30. Objectif de la mission, point sur ressources humaines et matérielles, conditions météorologiques, moyens d’extraction, nombre de personnes à évacuer, fréquences de communications, description du terrain, de la population locale, cas non conformes, no gos (lignes rouges), les aborts (motifs pour lesquelles la mission serait annulée) … Tous les éléments nécessaires à l’exécution de la mission sont passés en revue sous l’oreille et l’œil attentifs des instructeurs du CFSS qui les débrieferont afin de les aider à perfectionner leurs présentations grâce à leur propre expérience des missions CSAR. Ce jour-là ils reviennent sur quelques données manquantes : la nuit est-elle claire ? sans lune ? Pourquoi ce choix d’échelle du quadrillage de la zone ? Pourquoi choisir tels points caractéristiques pour se guider de nuit ? Sont-ils sûrs qu’il n’y en a pas de plus facilement indentifiables ? Leur expérience du terrain, maintes fois éprouvée en conditions réelles est un enrichissement incontestable pour guider les stagiaires qui marcheront bientôt dans leurs pas.

Dans une salle d’instruction, de l’autre côté de la base, les PN stagiaires reçoivent les dernières recommandations du capitaine de réserve Totoche pour leur épreuve de Survie combat. L’ambiance est studieuse et très calme. Redoutent-ils les deux nuits et les deux jours qui les attendent dans la forêt landaise par un froid piquant et humide ? ou bien redoutent-ils leur potentielle capture ?

Pas le temps de leur poser la question, c’est l’heure du départ ! Direction les bois. Les PN sont répartis par binômes et déposés sur différentes localisations, dans la nuit. Ils doivent désormais rejoindre un point de rendez-vous et vivre selon les quatre règles de la survie en attendant leur extraction.

A la manœuvre : le capitaine, entouré d’une dizaine d’instructeurs, tous fusco (fusiliers commandos), aviateurs, marins et soldats, et comme toujours d’une infirmière et d’une auxiliaire sanitaire.

« Je suis le chef de stage. Je suis là pour superviser et prendre les décisions en cas de problème et aider les instructeurs si besoin ».  Ce qu’il ne dit pas, c’est que lors des missions en forêt c’est aussi le chef cuisinier de l’équipe ! Omelette garnie, crêpes… il dorlote son équipe ! On se dit qu’on a bien fait de venir.

Le capitaine Totoche encadre neuf à dix stages par an. Sa motivation principale ? « Je me suis dit que venir au CFSS permettrait de transmettre mes savoirs aux jeunes avant qu’ils partent sur le terrain. Ils ne connaissent pas l’épreuve du feu et ne la connaitront sans doute jamais, mais nous on a tellement de vécu opérationnel qu’on peut bien faire passer le message qu’il est important pour eux de bien tout assimiler car on sait ce qui les attend pour l’avoir vécu. » (Pour en savoir plus sur le capitaine et son parcours dans l’armée, c’est par ici)

Les CPA30 et les PN évoluent dans la forêt pendant deux nuit et un jour. L’équipe CFSS quant à elle assure les contacts radios prévus à heures fixes avec les commandos, inspecte les bivouacs et les trous des PN, vérifie que tous les stagiaires vont bien (froid, hydratation, blessures…). C’est surtout l’occasion de donner des recommandations et de débriefer sur leurs progressions.

Au matin nous sommes allés inspecter le bivouac des opérateurs du 30. Bon point : les abords étaient piégés au moyen de fumigènes, ils ont donc été alerté de notre approche et ont pu se préparer à l’éventualité d’une attaque. Moins bon point : ils n’étaient pas au rendez-vous pour le check radio quelques heures plus tôt. Problème technique. Le sergent Kevin et le commandant Richard on fait une pause dans l’exercice pour leur transmettre leurs remarques. Il est impératif de respecter les plages de transmission, cela ne doit pas se reproduire. Ils en profitent aussi pour leur donner des conseils d’amélioration sur la disposition des personnels sur le campement, afin que les opérateurs puissent mieux réagir pendant le reste du stage. Ces temps d’analyse permettent aux stagiaire de réagir et corriger le tir. Ils sont là pour apprendre, les instructeurs leurs dispenseront des conseils tout au long de la séquence.

Plus tard, nous avons accompagné le capitaine Totoche et l’adjudant-chef Maxence pour « débusquer » les PN Marine et Terre qui avaient pour mission de se créer des caches afin d’attendre le rendez-vous d’extraction sans être repérés. Trous, branchages, feuillages, souches, racines… Tous les moyens sont bons pour se fondre dans le paysage. Certains ont poussé l’exercice plus loin que d’autres : exploitation d’un trou naturel créé par le déracinement d’une souche ? Pas assez élaboré. Le marin est repéré immédiatement. Creuser un trou, planter des branches tout autour pour constituer un bosquet brise vue ? Bonne idée, beaucoup de travail, mais le rendu, peu naturel, a attiré notre regard. Se servir d’un amas de ronces existants et d’autres obstacles naturels pour rendre son trou difficilement visible et accessible ? Deux des pilotes de l’armée de Terre ont eu tout bon ! En revanche, on doute un peu quand ils nous affirment être confortablement installés pour y passer le reste de la journée et une bonne partie de la nuit !

Vient le matin du deuxième jour. Nous attendions un Caracal du Pyrénées pour une extraction des PN pour le CPA30 aussi vraie que nature, mais une mission prioritaire est tombée pour, évacuation par la route ce sera !

Les CPA arrivent au point de rendez-vous : FINEX.

Les PN sont capturés. Menottés et cagoulés ils sont ramenés sans qu’ils le sachent sur la base aérienne pour des séances d’interrogatoire. L’objectif de cette dernière phase de leur stage est de les confronter à la pression psychologique qui pourrait leur être imposée en cas de rapt. En tant que militaires français, ils seraient des cibles de choix, des sources de renseignement précieuses et des leviers de négociations prisés.

Ils réintègrent ensuite leurs unités marine et terre, plus riches d’une formation dispensée par l’armée de l’Air et de l’Espace qui pourrait un jour peut-être leur sauver la vie !

 

Texte et photo : E. Redondo, armée de l’Air et de l’Espace

C’est la base aérienne (BA) 113 de Saint-Dizier qui a accueilli l’exercice Air Raid 2023 du 16 au 18 juin dernier. Cette compétition annuelle d’endurance militaire et sportive, ouverte aux réservistes et au personnel d’active, a rassemblé plus de 180 aviateurs venus tester leur capacité de résilience.

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Ce ne sont pas moins de quarante équipes représentant les différentes emprises aériennes de France et même de Belgique qui sont venues se mesurer à cette édition d’Air Raid 2023 sur la BA 113 de Saint-Dizier. Chacune d’entre elles est composée de quatre militaires avec un minimum de deux aviateurs réservistes à respecter. Les équipes qui dérogent à cette règle d’or se voient retirer des points à l’établissement du classement final.

 

L’esprit Air Raid

« Air Raid 2023 est l’occasion de fédérer les militaires d’active et de réserve autour des valeurs de courage, d’abnégation et d’esprit de corps caractéristiques de l’ADN des aviateurs, tout en mettant en avant la polyvalence de leurs compétences au cours d’épreuves sportives, techniques et intellectuelles » explique le Colonel Tanguy, commandant de la base aérienne 113 de Saint-Dizier. L'objectif de ce week-end est donc de maintenir la condition opérationnelle de tous les aviateurs, qu’ils soient issus de l’active comme de la réserve. Cela explique la présence d’Air Raid dans le Livre Bleu du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). De plus, l’accent est mis sur la transmission: « Il y a un mélange des générations dans les différentes équipes. Certains participants ont déjà 4 ou 5 Air Raid dans les pattes. Pour d’autres c’est une grande première. L’idée est de transmettre aux nouvelles générations les valeurs militaires que les anciens nous ont enseignées » commente le colonel Guy, responsable de la direction de l’exercice (Direx).

 

La compétition démarre

Une première dans l’histoire d’Air Raid, la compétition démarre par la visite de la base organisatrice. Des armes, drones, modules de lancement terrestres (MLT) et même des Rafales sont présentés par le personnel des unités affectées, qui ont ainsi pu présenter leurs missions, au combien stratégiques sur une emprise telle que la BA113.

Photo 2 Air raidDans la foulée, les participants font une visite de la ville de Saint-Dizier durant laquelle des informations culturelles et historiques leurs sont délivrées. Des anecdotes locales qui devront être restituées lors d’une épreuve du raid. Vendredi 16 juin, 17h. C’est l’heure du briefing pour ceux qu’on surnomme les « Raiders ». Le règlement et le programme de l’exercice leur sont en partie présentés. Cette année, le format diffère des éditions précédentes. D’une durée habituelle de 36h, le raid a cette-fois-ci été raccourci à 24h. Une modification qui a pour but de rendre la compétition plus dynamique. S’ensuit la traditionnelle pesée des sacs à dos. Un poids maximum de 30 kg répartis sur quatre personnes par équipe est imposé. Les participants doivent donc faire preuve de stratégie dès la préparation de leur paquetage.

17h30, les hostilités peuvent démarrer. Les 40 équipes débutent le raid au compte-goutte et se lancent dans une marche de nuit d’une distance totale de 35 km. Certains réussissent à clôturer cette course d’orientation nocturne au petit matin et peuvent s’octroyer quelques minutes de repos. D’autres, comme l’aviateur de première classe Léo de l’équipe de la FAA (formation administrative air) 117 de Paris, font une nuit blanche et enchaînent dès 8h avec les activités du samedi. « Ça fait partie des règles du jeu, notre mental est mis à rude épreuve et il faut puiser le peu d’énergie qu’il reste au fond de nous pour terminer le raid » raconte-t-il.

Sous un soleil éclatant, les Raiders se mesurent aux différentes activités organisées en cinq pôles : le tir, la technique, la performance, le combat et la menace NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique).

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Des défis allant du tir à l’arc au franchissement de coupures humides en passant par des parcours d’audaces et des épreuves plus théoriques comme la connaissance des aéronefs.

Chaque étape du raid rapporte un certain nombre de points aux équipes en fonction de leurs résultats. De plus, ils doiventrespecter un créneau horaire (NLT) durant lequel ils sont incités à réaliser une activité sous peine de malus.

 

 

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C’est à 18h30 que le raid se clôture. Les participants peuvent enfin souffler et s’accorder un repos bien mérité après 24h d’efforts. Pour leur redonner des forces, un barbecue est organisé en bord de piste en face des Rafales.

Clou du spectacle, les Raiders ont la possibilité de monter à bord et d’échanger avec les mécaniciens des escadrons emblématiques de Saint-Dizier.

 

Le dimanche 18 au matin, sur la place d'armes, devant le poste de commandement de la BA 113, à l’issue de la traditionnelle cérémonie de clôture, les résultats sont annoncés.  L’équipe de la BA 942 de Lyon-Mont Verdun, équipe n°19, remporte la compétition. L’équipe n°1 d’Istres et l’équipe n°32 d’Ambérieu-en-Bugey complètent respectivement le podium en seconde et troisième place.

En outre, Air Raid 2023 aura été une réussite autant sur le plan organisationnel que sur sa capacité à rassembler la réserve et l’active autour d’un projet commun. Comme à chaque édition, toutes les unités de la base hôtesse ont été mises à contribution pour l'organisation et l'animation: Service de Santé, escadrons, service des sports, logistique, escadron de protection, Pompiers et Gendarmes de l'Air... L'occasion pour tous de découvrir les missions de chacun et de travailler main dans la main.

Avis aux Raiders, il faudra se rendre sur la base aérienne 133 de Nancy-Ochey l’an prochain pour participer à l’édition 2024.

 

 

Texte : ASP M.Dreher

Du 5 au 12 aout à Breda aux Pays-Bas s’est tenu l’IJOLD (International Junior Officer Leadership Development), une session de formation commandement pour officiers subalternes de réserve des Armées de l’air des pays otaniens membres de l’IARS (International air reserve symposium).

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Des réservistes des Armées de l’air de huit pays se sont réunis pour développer leurs compétences de commandement et pour se familiariser avec l’environnement interallié dans lequel ils peuvent être amenés à évoluer, tout comme leurs camarades d’active. Triés sur le volet, ils sont venus de France, d’Allemagne, du Royaume Uni, des Pays-Bas, du Danemark, de Norvège, du Canada et des Etats-Unis.

Les participants ont particulièrement apprécié la confrontation à des cultures et des modes de raisonnement différents. « Echanger avec des officiers de nations alliées, découvrir comment ils mènent leurs opérations, leur vision du commandement, c’est très enrichissant. » affirme le capitaine de réserve de l’US Air Force Erik.

Capture décran 157 minEn effet, les stagiaires ont pu mesurer leurs points de vues, leurs expériences, leurs acquis et réflexes culturels lors d’un escape game haletant qui vous embarque en pleine guerre froide, d’études de cas dans un établissement d’études géopolitiques à La Haye, et de plusieurs ateliers abordant des problématiques telles que savoir quand diriger et quand suivre, donner les bonnes consignes et les bons retours, faire face au management toxique ou encore à la résistance au changement.

Au-delà des échanges interculturels sur le leadership, l’IJOLD 2023 était un stage ponctué de nombreuses interventions de militaires hollandais de haut vol tels que « Dodo », une pilote d’hélicoptère ayant survécu au crash de son appareil en Afghanistan, des généraux ayant évolué au sein de l’OTAN et de l’ONU tel que les Commodores Foppen et Siemensma, ou encore l’aide de camp du roi. Tous ont partagé leur expérience inspirante et distillé des conseils précieux à la soixantaine de participants, leurs facilitateurs et l’équipe d’encadrement dans une atmosphère propice à l’échange informel, comme il en est coutume aux Pays-Bas.

« L’objectif était de fournir les bons outils, les bonnes clefs pour que chacun des réservistes puisse repartir chez lui fort de cela et soit en capacité de continuer à s’améliorer comme meneur grâce à ce socle de connaissances. Et nous savons que si nous nous recroisons à l’avenir dans un contexte international, nous saurons tous accorder nos violons », explique le lieutenant-colonel de réserve Giel, organisateur de l’IJOLD 2023.

Cette semaine hollandaise a aussi été l’occasion de visiter plusieurs institutions, musées et villes et de partir à la découverte de l’histoire des Pays-Bas.

Le major général Adang, commandant adjoint de l’Armée de l’air royale des Pays-Bas a conclu la semaine en affichant clairement les ambitions de cette formation d’exception pour les réservistes : « Notre équipe a mis au point un programme inspirant qui vous a fourni des outils et des éclairages qui vous serviront tout au long de votre carrière ».

ijold 4L’impression laissée au lieutenant de réserve Emma, l’un des deux réservistes français envoyés sur place, semble aller dans ce sens : « Ce que j’ai trouvé le plus passionnant, ça a été l’une des études de cas. Un cas de conscience pourrait-on dire. Avec notre groupe nous devions définir une stratégie face à une situation extrêmement délicate. Ce jour-là, il s’agissait du conflit entre serbes et bosniaques, une guerre qui nous parle à tous, militaires européens, car la plupart de nos chefs ont fait leurs armes en tant que jeunes lieutenants sur ce théâtre.

Extrait d’un film pour capturer un aperçu général de la situation, cartes à différentes échelles, contexte géopolitique et militaire, liste des ressources (eau, vivres, armes, munitions, véhicules, moyens de communications, pas de soutien extérieur…), moyens des ennemis en véhicules et en troupes … Ces éléments en main, il nous était demandé de nous mettre dans la peau des casques bleus hollandais, sur un site isolé et assiégé, confrontés à un dilemme militaire et moral. Il fallait faire un choix difficile qui mettait en péril la vie de 20 000 civils. Nous avons eu plusieurs heures pour étudier la situation et préparer notre solution, puis chacun des 8 groupes a présenté sa stratégie aux autres, mais surtout au général Matthijseen (Commandeur de la mission ONU Minusma : 14 000 militaires de 60 pays). Et c’est là que l’équipe d’organisation de l’IJOLD 2023 a fait fort ! Ce général de l’Armée de terre hollandaise n’était autre que le jeune capitaine qui, dans la réalité, il y a de ça presque 30 ans, a dû prendre cette décision. Mais ça nous ne l’avons su qu’au moment des présentations. Leçon magistrale. »

A l’heure où le chef d’état-major, le général Thierry Burkhard, enjoint tous les militaires français à « être des amplificateurs lorsque [vous planifiez ou participez] à des exercices bilatéraux dans le cadre de l’OTAN, de l’Union Européenne ou d’autres types de coalitions », la réserve répond présent.

Crédit texte : LTT (R) Emma.

Crédits photo : Marleen Groendendijk / Ilya de Milde

Les 28 et 29 mars se tenait la première édition de la JOC’Air sur la Base aérienne 705 de Tours – Cinq-Mars-la-Pile. Ce séminaire, organisé par le Bureau réserve et garde nationale (BRGN), avait pour objectif de rassembler les Officiers de réserve adjoint (ORA) et les commandants des Centres d'information et d'instruction des réserves de l'armée de l'Air et de l'Espace (CIIRAAE) afin d’échanger sur des enjeux et des problématiques actuels et à venir.

jocair 1L’objectif du doublement de la Réserve de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) insufflé par le gouvernement à l’horizon 2030 est ambitieux. C’est dans ce contexte que le Lieutenant-colonel Cédric, chef du BRGN, a décidé de lancer la JOC’Air 2023. Plus d’une cinquantaine d’ORA et de commandants de CIIRAAE étaient présents. D’autres, notamment les ultramarins, ont assisté aux différentes interventions du séminaire par visioconférence.

Une nouvelle Réserve

« Un nouvel esprit souffle sur la Réserve ». Ce sont les mots prononcés par le Général de brigade aérienne Frédérick Devanlay, sous-directeur recrutement, réserves, jeunesse (SDRRJ) de la Direction des ressources humaines de l’armée de l’Air et de l’Espace (DRHAAE), pour ouvrir la JOC’Air 2023. Accompagné du chef du BRGN, ils ont exposé à l’assemblée le contexte actuel de la Réserve ainsi que les principaux enjeux auxquels ils allaient être confrontés à court et moyen termes. Pour effectuer la mue de la Réserve, plusieurs idées ont été développées : entre autres, une rubrique exclusive sur le site devenir-aviateur.fr, de nouvelles dénominations de certaines unités pour séduire davantage les jeunes ou une mise à jour de la plateforme numérique des Réservistes opérationnels connectés (ROC). Cet outil en ligne permet l’inscription des nouveaux arrivants dans la Réserve, mais aussi la gestion de leur emploi. Son rôle étant crucial, « tous les chemins doivent mener à ROC ».

Le concept de « base mère » et de « base fille »

L’une des principales nouveautés présentées pendant la JOC’Air 2023 concerne la mutualisation des ressources au profit de la formation et de l’emploi. Les emprises disposant des plus grands moyens en matière d’infrastructure, de personnel ou de matériel sont catégorisées comme « bases mères » et associent leurs forces avec les « bases filles » les plus proches géographiquement. Pour tester la faisabilité de ce projet, les ORA et commandants de CIIRAAE ont participé à différents ateliers lors de la seconde journée du séminaire. Les débats étaient animés et passionnés ! Pour certains comme le commandant du CIIRAAE d’Ambérieu, « ce problème de volume, d’infrastructures et d’instructeurs pourrait être en partie réglé par la mutualisation des ressources ». D’autres ateliers portaient sur la rénovation des parcours de formation des réservistes, la montée en puissance des exercices de rappel RO2 ou encore sur l’évolution des missions des ORA des grands commandements.

La JOC’Air 2023 aura porté ses fruits. Son objectif de rassembler les différents acteurs du milieu pour provoquer l’émulation collective dans le cadre du doublement de la Réserve a eu lieu. Maintenant que des pistes de travail ont été amenées, il reste à les mettre en œuvre. Une synthèse détaillée du séminaire sera prochainement envoyée aux participants.

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texte: ASP M. Dreher

photos: ASP M.Dreher & LTT (R) E.Redondo