Organisé par le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), VOLFA est un exercice interalliés et interarmées de trois semaines mettant en œuvre une cinquantaine d’aéronefs. Ce rendez-vous annuel d’ampleur met l’accent sur toutes les dimensions du combat aérien et est une étape clé de l’entraînement des forces conventionnelles. 

Haute intensité, puissance aérienne, agilité et réactivité ont rythmé cette activité de préparation opérationnelle impliquant environ mille participants provenant d’unités embarquées sur différents types d’aéronefs (chasse, transport, hélicoptères), de techniciens, de commandos, d’opérateurs de défense sol-air et aussi en conduite de Centre de Détection et de Contrôle (CDC) depuis lesquels les missions aériennes seront orchestrées.

 

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Au Centre de Détection et de Contrôle 04.930 Garonne, implanté sur la base aérienne 118 Colonel Rozanoff à Mont de Marsan, les contrôleurs s’affairent. La documentation est « releasée » depuis quelques jours et chacun doit s’enquérir des espaces aériens dédiés à l’exercice et qui seront activables au gré des missions et en coordination étroite avec l’aviation civile. Des documents plus spécifiques traitent des instructions du commandement de l’exercice et des procédures diverses liées aux télécommunications, nerf de la guerre d’une opération aérienne conjointe. En tout, ce sont plus de cent cinquante pages à assimiler dans un temps restreint et en langue anglaise, trois semaines d’exercice rythmées par les missions aériennes et leur Time Line imposée :

Task release :    DAY-1 // 07h00Z

PMiss* :            DAY-1 // 07h30Z escadron 2/30

Mass brief **:     DAY -1 // 14h30Z escadron 3/30

Mission :           DAY // 08h00Z – 10h00Z

Mass debrief :   12h30Z escadron 2/30

 

A cette occasion, le renfort de trois réservistes n’est pas de trop pour prêter main forte aux équipes de contrôleurs des opérations aériennes, aussi appelés GCI (Ground Controler Intercept). Tous trois majors, issus des forces, leur expérience respective des opérations aériennes et des exercices d’ampleur apporte une plus-value certaine pour la préparation du VOLFA 24 et sa gestion tactique en salle d’opération. D’autant plus que la transmission du savoir et la consolidation des méthodes de travail des plus jeunes est également l’un des objectifs de cet exercice de haute intensité. 

 

Major (R) Fabien.

Après quarante ans de carrière, dont trois mille heures de vol sur E-3F AWACS, le major de réserve Fabien est une référence dans le milieu confidentiel des GCI. Il a, grâce à son parcours, participé à de nombreux exercices et surtout de nombreuses missions de guerre. Il est néanmoins un « jeune » réserviste ayant rejoint les rangs des réserves Air depuis neuf mois seulement.

« Ma mission pour VOLFA est la juste continuité de mes fonctions précédentes ». En effet, le major est employé en tant que contrôleur tactique, mais aussi en tant que superviseur à un poste de direction. « C’est très gratifiant de pouvoir instruire les plus jeunes en formation et ainsi les aider à appréhender le déroulement d’une opération aérienne moderne ».

La difficulté, selon lui est de se sentir toujours « fit » en termes de connaissances et au niveau des automatismes indispensables à la tenue du poste. Cela demande une préparation mentale conséquente pour appréhender un tel exercice impliquant de nombreuses interactions, mais malgré tout « c’est comme le vélo, après une bonne journée dans l’ambiance, les réflexes reviennent. »

Son engagement dans la réserve, le Major Fabien le vit comme un prolongement de carrière, comme des moments intenses pour continuer à s’épanouir dans ce métier qui l’a passionné durant toute une vie.

Major (R) Pascal.

Le Major de réserve Pascal, dont la carrière a commencé il y a une quarantaine d’années également, précise qu’il est forcément un peu plus compliqué d’aborder ce type d’exercice en tant que réserviste, mais que les périodes de convocations réparties sur l’année permettent de garder un lien permanent avec le contrôle aérien tactique et de conserver ainsi les compétences requises. « Sur VOLFA nous sommes complétement intégrés dans la structure de l’exercice, nous retrouvons nos marques, et c’est toujours agréable de se retrouver dans une équipe que l’on connait, et côtoyer des équipages de navigants rencontrés durant la carrière. »

Il ajoute, sur le volet transmission du savoir, que « même si une cellule dédiée à l’instruction existe déjà, nous apportons une plu value avec notre expérience, notre manière de voir les choses, mais nous ne sommes plus là ni pour juger, ni pour évaluer des jeunes contrôleurs. Nous sommes là pour montrer et transmettre à la demande. »

Tout comme le Major Fabien, il s’accorde à dire que dans ce travail nul ne peut être un bon professionnel sans être passionné.

« C’est un métier où quarante ans après l’avoir commencé on continue à en apprendre tous les jours grâce aux échanges avec les pilotes, les autres contrôleurs, les lectures de nombreux documents à caractères aéronautiques qui évoluent régulièrement », conclue-t-il.

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Réserve et transmission en situation

Jour 5. Le major de réserve Fabien est aux côté d’un contrôleur en instruction afin de l’accompagner sur un volet exigeant de VOLFA 24 :

Après des décollages séquencés à la minute, les moteurs M88-2 des Rafale font trembler les fenêtres des bâtiments de la base aérienne 118. Ils vont rejoindre un tanker de type MRTT (multi role transport tanker), attendant sur zone ses receveurs. Quelques tonnes de carburant transférées en quelques minutes suffisent à donner à l’ensemble du package offensif l’endurance nécessaire à sa mission d’entrée sur un territoire « hostile ».

Les corridors créés pour l’exercice, permettent de relier 2 immenses zones de travail dans le ciel français. Un dispositif de seize chasseurs et un A400M pénètre l’espace aérien ennemi. Ce dernier, considéré comme un élément clé de la mission, est protégé par une patrouille de F-18 espagnols. L’A400M doit lui joindre un point spécifique en territoire ennemi pour y larguer des parachutistes des forces spéciales. Le reste des chasseurs a donc la mission de « nettoyer » l’espace de toute menace aérienne ou sol-air avant d’autoriser le « push » du transport sensible, bien plus lent que « les pointus ». 

Le contrôleur de ce package offensif doit diffuser en fréquence une « picture » représentant à chaque instant la position précise de la menace, tout en maintenant un haut niveau de sécurité aérienne pour les chasseurs entre eux, mais aussi pour chasseurs avec les avions civils qui passent à quelques kilomètres seulement des espaces fermés pour l’occasion, soit une distance de quelques secondes de vol. Pas de temps pour le hasard. Le major de réserve Fabien veille aux côtés de son poulain.

Outre le renfort apporté par les réservistes du Centre de Détection et de Contrôle 04.930 pour faire face à un tel événement, ces derniers ont à cœur de former une relève solide, ce qui est très gratifiant de leur point de vue. En effet, avoir sur sa fréquence de contrôle jusqu’à 30 appareils de combats qui exécutent une mission aérienne offensive au-delà des lignes ennemies, relève d’un savoir-faire qui n’est pas un sport de masse.

 

Ces trois réservistes répondront présent pour les dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA) prévus lors des jeux olympiques de Paris cet été.

 

 

Major (R) Michaël. 

* préparation de la mission

** briefing pour tous les participants